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Fatima – Caxarias




     Vendredi 19 mai 2017 : Fatima Caxarias : 19 km

   Cette nuit, j’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, je pense que ce n’est pas sans rapport avec la longue étape d’hier : 33 kilomètres auxquels j’en ai ajouté 3 ou 4 pour tenter de trouver la maison des bergers. Lorsque l’on passe la nuit à chercher en vain le sommeil, ce que l’on redoute le plus c’est le réveil des plus matinaux d’entre nous ; en général c’est vers 5 heures du matin et à partir de là, avec l’agitation qui se créé dans le dortoir, bien que chacun fasse de son mieux pour respecter le repos des autres, il ne faut plus espérer la moindre minute de sommeil. Heureusement, aujourd’hui, l’étape ne compte que 19 kilomètres et j’imagine déjà la sieste que je ferai à l’arrivée.
   Je quitte Fatima vers 7 heures accompagné de Jean-Paul et François. Sur cette étape nous allons connaître quelques moments pas tout à fait ordinaires, des moments forts que l’on n’oublie jamais. Le premier se situe peu après notre départ lorsque nous faisons la rencontre de pèlerins portugais qui « descendent » sur Lisbonne ; une bande de joyeux drilles qui, lorsque nous les croisons, sont en train de se restaurer sur le bord de la route : dans leur main, non pas des tasses de café bien chaud, mais des gobelets de gnôle de cerise. À l’ambiance qui règne entre eux, on voit d’emblée qu’ils ne sont pas à leur première gorgée. Ils sont d’une extrême gentillesse et nous font partager leur «petit-déjeuner» :

  gnôle et gâteaux secs. Formidable !
   C’est chez un épicier de Gondemaria que nous avons la deuxième bonne surprise du jour. Nous nous arrêtons dans une petite alimentation de village pour le ravitaillement de la journée. Chacun fait son choix dans les rayons, fruits, pain, sardines en boîte… et au moment de régler la note le patron nous fait comprendre dans sa langue que « c’est cadeau », et comme si ce n’était pas suffisant, il donne à chacun de nous une bouteille d’eau. Une générosité d’autant plus grande que je n’ai pas l’impression que les clients se bousculent dans sa boutique !
   Enfin, vers midi, traversant le village de Tomareis, notre regard est attiré par une dame sortant de sa maison sur un vélo Solex ; une scène qu’il y a bien longtemps que l’on n’a pas vue et que l’on observe donc avec admiration ; le papa à proximité a bien remarqué notre étonnement et l’intérêt que l’on portait au Solex, une bonne raison pour engager la conversation avec nous. Il parle très bien le français, car la famille a vécu Paris et à l’heure de la retraite est revenue au pays. Il nous invite dans leur propriété et est très fier de nous faire découvrir sa collection d’anciennes motos. La discussion se termine autour de la table où la senhora nous sert café, pastèque et gâteaux. 

 


   À Caxarias, nous nous apercevons vite qu’il ne va pas être évident de trouver un hébergement : les bombeiros n’hébergent plus les pèlerins depuis qu’ils se sont fait voler des casques d’apparat et le topoguide offre peu de solution ; il y a bien ce gars rencontré au bistrot qui nous propose de nous accueillir chez lui à 5 kilomètres de là et nous préparer un cochon de lait à la broche, mais lorsqu’il nous a confié qu’il aimait « picoler » on a écarté son offre. Reste la cure dont on nous a parlé et qui peut accueillir les pèlerins dans la salle paroissiale. Mais là, surprise quand la dame nous fait visiter les lieux pour nous installer, il n’y a dans la grande salle ni lit, ni matelas au sol. Moi qui voulais faire le Chemin à la dure, je vais être servi ! Un autre pèlerin partage notre « dortoir » : Christophe, la cinquantaine qui nous dit faire de très grandes étapes ; il porte un sac qui doit avoisiner les 30 kilos dont 4 litres d’eau. Il a dû confondre le Camino avec un stage commando ! Le dialogue avec lui s’avère assez difficile alors nous n’insistons pas.





 A la tienne François!












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